Jour 6: North Conway – Ogunquit (132 km)

Samedi, le 8 juillet 2017.

Préambule. D’entrée de jeu, je dois dire que c’est le plus long trajet planifié du cyclovoyage 2017 et de l’ensemble cumulé de tous nos précédents voyages. Sur papier : on estime à 122 kilomètres la distance à parcourir pour atteindre Ogunquit depuis North Conway. Un trajet de grande autonomie. Et je suis conscient que 122 km peuvent facilement devenir 130, parfois 140, si l’on a manqué de minutie dans la planification du parcours.

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J’ai le souvenir d’une telle erreur lorsque nous avons fait la randonnée de Port Dover à Port Colborne, en juillet 2014 aux abords du lac Érié en Ontario. Ce trajet, que j’estimais à 90 kilomètres de route, s’est avéré en être un de 117 kilomètres. Soit 27 de plus que ce qui était prévu! L’écart s’explique en raison du fait que, pour l’élaboration du parcours et le choix de routes, j’avais consulté un atlas routier, mais que, pour établir le calcul de l’itinéraire, je m’étais plutôt servi de Google Map, sans vérifier que le circuit calculé par le programme était le même que celui que j’avais choisi. Au lieu de considérer la route qui longe la côte et qui suit les courbures du littoral, Google Map me recommandait plutôt de prendre le chemin le plus court et direct –ce qui est le fondement même de ce programme!–, plutôt que de nous faire circuler aux confins géopoétiques des Grands Lacs. Je ne m’étais aperçu de rien! Ma négligence et mon manque de minutie me rattrapèrent ce jour-là jusque dans les mollets.

J’ajouterais cependant qu’il n’est pas rare d’avoir un écart «raisonnable» de quelques kilomètres entre la distance projetée et la distance indiquée par l’odomètre en fin de parcours. La plupart du temps, celui-ci est attribuable aux déviations, aux imprévus ou tout autre changement in situ apporté au plan de route établi.

C’est donc dire qu’une randonnée de 122 kilomètres avec des vélos chargés de bagages est à planifier soigneusement! Ne rien prendre à la légère.

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Par ailleurs, quand nous préparons un voyage cycliste, nous fractionnons l’ensemble du trajet total, en plusieurs courses d’une journée. Chacune de celles-ci comporte une distance à parcourir qui varie entre 75 à 85 kilomètres en moyenne. Parfois plus!  Nous pouvons tolérer des courses allant jusqu’à 100, 110 km, mais nous savons alors que le temps de déplacement sera plus considérable tout comme l’effort physique à déployer.

Mais la distance et le kilométrage moyen ne sont pas les seuls facteurs qui déterminent la destination finale d’une course. Parfois, c’est l’intérêt «touristique» ou géopoétique d’un lieu qui commande d’arrêter une nuit.  D’autres fois, ce sont nos propres limites physiques et corporelles qui nécessitent de raccourcir un itinéraire à tel endroit plutôt qu’un autre, par exemple, lors d’un parcours difficile (en raison de forts dénivelés ou de l’état du sol), ou encore lorsque la distance qui sépare deux villages dans les régions de faible densité serait trop importante. Finalement, certaines courses se terminent parfois à tel endroit seulement en raison des commodités (mécanique ou besoins de ravitaillement) ou encore pour des raisons de proximité d’un lieu de transition (exemple : une nuitée près de la douane ou près du traversier pour faciliter l’amorce de la prochaine étape le jour suivant et éviter tout contretemps).

Viennent ensuite les contraintes financières, de disponibilité des ressources ou même d’horaire. Un vrai casse-tête en fin de compte.

Ainsi l’élaboration du trajet North Conway à Ogunquit a soulevé plusieurs questions. Puisqu’il était théoriquement très long, nous avions songé initialement à le découper en deux jours de déplacement. Mais où donc arrêter et passer la nuit? Là était la question. En effet se trouvaient peu de sites d’intérêt, de gîtes en bordure de la route, voire même d’épiceries. Le camping était exclu pour ce voyage. Bien sûr, pouvait être considérée la ville de Sanford, située à 20 kilomètres d’Ogunquit. Mais une fois franchie, ne valait-il pas mieux de poursuivre notre route jusqu’à notre station balnéaire? Vis-à-vis de ces contraintes, nous avons donc préféré opter pour le long trajet de 122 km, dépassant notre kilométrage moyen habituel. Il m’a donc fallu minutieusement préparer le parcours et m’assurer que l’itinéraire calculé par Google Map est assez fidèle!

Ajoutons que rouler 122 kilomètres signifie également partir de bonne heure. Ce jour-là, nous nous mettons en route dès 7h30 am!

Ce n’est pas anodin de le mentionner, car pour appareiller à une telle heure, il nous faut nous lever à 5h30, déjeuner vers 6h00 et procéder aux préparatifs. Cela consiste à sortir les vélos, gonfler les (4) pneus à 120 psi; installer les (2) sacoches de Mădălina, les (5) miennes; insérer les cartes du jour dans ma sacoche avant ainsi que l’appareil photo rechargé; remplir les (4) bouteilles d’eau et les placer aux supports; mettre les provisions à la portée de la main; couvrir les sacoches d’une toile étanche protectrice (si nécessaire); se crémer; s’habiller en fonction des intempéries possibles du jour;  sangler à la portée de la main un imperméable ou coupe-vent et soulier de pluie.

Donc, s’il est 7h30 au moment où nous roulons, cela signifie qu’il y a eu presque deux heures de préparation en amont. Et c’est aussi une première pour nous de partir aussi tôt. Ce départ hâtif n’est attribuable qu’à la longueur prévue du parcours. Autrement, nous aurions commencé notre journée vers 9h30 ou 10h00. De cette façon, nous prévoyons d’arriver à destination entre 17h30 et 19h00.

Contrairement à Mădălina, je préfère rouler très tôt. À l’aube, si possible.  Quand la voie est déserte, muette et que les moteurs ronflent de silence.

Côté météo : on annonce des averses en après-midi. Possibilités d’orage.

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Dernières remarques quant à l’itinéraire du jour, je dois me fier à deux cartes routières qui se complètent à tour de rôle. La première provient de l’atlas routier du New Hampshire et la seconde de celui du Maine!  C’est donc dire que notre trajet se déroule dans deux États.

L’excellent site Internet de cycliste au New Hampshire ne présente pas de trajets ou de cartes qui indiqueraient comment joindre facilement la côte atlantique, située –hors zone! – dans l’État du Maine ! Ce même genre de critique serait aussi valable pour la route Verte qui arrête, par exemple, sa cartographie aux limites frontalières de l’Ontario, des États-Unis ou du Nouveau-Brunswick. Le trajet fondamental ne s’arrête pas aux frontières des hommes!

Pour rejoindre Ogunquit depuis North Conway, des forums de discussion proposent quelques avenues : notamment de suivre la route 302 aux abords du lac Sebago jusqu’à Portland (ou presque), puis de bifurquer vers le sud, via la 202 et l’autoroute 1 qui longe en partie le littoral jusqu’à Ogunquit!  Une randonnée de 160 kilomètres… Ce qui fut exclu. Comme aucun trajet cycliste n’est officiel, chacun y va du sien et présente son itinéraire. Cela laisse place à de la créativité!

Si l’on se fie aux itinéraires de Google Map, aux forums de discussion et à mes recherches inspirées des atlas, notre itinéraire du jour, se voulant l’un des plus directs, traverse des bourgades inimaginables au milieu de nulle part et au sud de presque rien… Il va à travers des bois, parmi les pinèdes abénaquises, le long de la rivière Sokokis, du fleuve Saco et de l’étang Ossippee ainsi que sur River Road ou Old Alfred Road. Nous traverserons des bourgades comme Fryeburg, East Brownfield, Hiram, Cornish, Limerick, Ossipee Mills, North Waterboro, Waterboro, Alfred, South Sanford, North Berwick, Ogunquit! Nous roulons sur les régionales 302, 113, 5, 4, 9 et 1.

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Des forums de discussion sur des trajets cyclistes de Montréal à Ogunquit :

Montréal – Ogunquit à Vélo

Montréal – Ogunquit en trois jours

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À 7h30 am, la route est calme, reposée. Nous partons d’un bon rythme, 22, 23 km/h.  C’est même rapide. Nous avons décidé de ne pas faire de longs arrêts aujourd’hui, plutôt des micropauses pour manger de petites quantités suffisantes de nourriture.

Ainsi nous gagnons rapidement la bourgade de Fryeburg d’où nous changeons de route (maintenant la 113). Comme cette dernière est locale, il n’y a plus d’accotement. Nous devons circuler en compagnie de pick-ups et camions.  Ce qui, malgré la courtoisie légendaire des Mainois, entraîne un stress. À l’approche d’un bruit de moteur qui provient de derrière nous, nous nous voûtons légèrement. Douleur! Nous roulons tendus, très près de la ligne blanche de la route.  Heureusement, nous ne croisons pas beaucoup de voitures à cette heure matinale.

À East Brownfield, nous nous accordons une pause –surtout mentale! – sur une entrée de cour à la croisée de la route 160, et tout près de la rue «Pig». Nous avons maintenu une bonne cadence depuis North Conway. Je me rends bien compte que je suis davantage en mission, qu’en esprit flâneur. Nous sommes déterminés à tracer et à rester concentrés. Le rythme est tellement bon et favorable que nous arrivons à Hiram à 9h09. Ce qui est moralement encourageant.

Nous nous permettons même de déballer et savourer quelques petits flatbread achetés la veille chez Flatbread Company à North Conway. Concoctées avec des ingrédients biologiques, ces galettes ou petites pizzas sans sauce me rappellent les pide ou les Lahmacun turcs.

Même si nous avons déjà déjeuné, nous en grignotons quelques-unes. Nous sommes en retrait de la route 113, sur un chemin secondaire à l’embranchement de Maple Street et River Road. Nous entendons le fleuve Saco roucouler derrière nous. Le lieu est paisible, rassurant.

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« Cheese & Herb Flatbread : Premium whole milk mozzarella and imported Parmesan cheese, baked on organic bread dough with homemade garlic oil and sprinkled with our own blend of organic herbs»

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La micropause me permet d’apporter un premier correctif au trajet : nous allons suivre River Road le long du cours d’eau jusqu’à Cornish. Le chemin semble si peu fréquenté!  Et pour cause, nous ne rencontrons que deux voitures sur la totalité de notre incursion de dix kilomètres : un chemin boisé, sablonneux et sinueux. Un fleuve rêveur, un river-fleuve!

Au bout de River Road, nous trouvons la comique Cornish, en référence aux peuples celtiques : les Corniques de Cornouailles (Cornwall), semble-t-il, et non pas en référence à la corniche qui aurait pour effet de nous protéger, pauvres cyclistes, d’une éventuelle averse de pluie!

Cornish, la comique Cornique, son petit parc de repos, sa toilette chimique. Cornish, corniche…

Je remplis nos bouteilles d’eau, Mădălina dort sur un banc de parc. C’est ainsi que nous appréhendons Cornish. Une ville de passage.

Au sortir de cette dernière, nous retrouvons la route 5, aussi nommée la «Sokokis Trail» en référence au peuple Sokokis, un peuple abénaquis (W8banakiak), qui  vivait dans la vallée du fleuve Saco, Saco-kis. Et bonheur de chez bonheur, baume de chez le baume, la route est dotée d’un accotement. C’est étrange tout de même! Pourquoi aux alentours de Fryeburg, East Brownfield ou Hiram cette même route 5/113 n’est pas munie d’une épaule pavée (paved shoulder)?  Est-ce du ressort d’une gestion municipale locale? Ce serait étonnant! Mais possible… Car lorsque nous arrivons aux limites de la municipalité de Cornish, nous circulons à nouveau sur une route sans accotement.

«Welcome to Limerick. A No-Shoulder Road Locality to discover!»

Encore une fois, nous sommes sur le qui-vive, car des voitures circulent tout près de nous. Nous roulons à la file et je me place dernier, comme un wagon de queue. Je suis plus gros, plus visible. J’ai cette fausse impression que mes sacoches arrière sont des coussins amortisseurs en cas d’impact. Par ailleurs, mon casque protecteur est muni d’une lampe clignotante. Je peux facilement suivre le rythme de Mădălina dans les montées.

Et en voilà une justement. Vis-à-vis de la faible vitesse que nous présentons en comparaison aux véhicules qui pourraient rouler à 50-60 km/h, j’établis une consigne de sécurité : si nous décidons de nous arrêter pendant la montée, nous devons (les deux cyclistes) nous retirer complètement de la chaussée et nous échouer temporairement sur l’accotement sablonneux.

Ce que nous faisons quelques minutes plus tard au milieu d’une pente, alors que Mădălina désire s’arrêter pour boire un peu d’eau.

La route de Limerick, Sokokis Trail, est une nervosité cycliste de la circulation. Mais, juste avant d’entrer dans la ville, nous sommes récompensés par ce belvédère (Scenic View). Cette détente nous insuffle du courage jusqu’à la ville de Limerick où il est décidé à arrêter pour notre deuxième repas.

Nous nous installons dans une gloriette située en biais de l’hôtel de ville, sur le terrain de l’ancienne académie qui accueille désormais la société d’histoire de Limerick. Mădălina s’y couche une dizaine de minutes. J’en profite pour étudier les cartes. Casser la coûte. Je regarde le ciel qui commence à se couvrir. Un peu d’appréhension.  «Quand cela nous frappera-t-il?»

Limerick, une petite ville de 2800 âmes. Combien d’églises? J’en dénombre au moins trois différentes sur la route principale : St Matthew’s, Free Baptist et Limerick Congregational Church. Puis d’autres installations comme le bureau de poste, le gaz-bar…

Des airs de revenez-y pas !  Le ciel se couvre et nous fait partir.  Nous désirons trouver la mer.

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Nous nous remettons en route et traversons la localité (ou lieu-dit?) de Ossipee Mills… Puis quelques bâtiments distants et séparés de boisés. Curieux paysage. «Quand serons-nous à North Waterboro?» pensé-je. Pour finalement réaliser que : «Zut! On l’a loupé tantôt… C’était trop petit ce bureau de poste au milieu de nulle part?!»

Nous passons devant un lac (ou un étang) assez étendu, nommé «Little Ossipee pond». À cet endroit, je sais que dès lors que je traverse le ponceau, tout près du camping et des Sunnyside Cottages, il nous faut alors quitter la route 5, dite Sokokis Trail, et prendre Old Alfred Road. Un indice appris grâce à Google Street view! «Ce petit raccourci de trois kilomètres nous met sur la route 4 qui nous conduit successivement à Waterboro, Alfred, South Sanford et ultimement North Berwick, d’où nous prenons ensuite la route 9, qui nous conduit au littoral atlantique, d’où finalement nous pouvons joindre, via la mythique route numéro 1, la ville d’Ogunquit.»  J’aime bien réciter l’itinéraire du jour, cela me permet de mémoriser et nommer les villes qui se trouvent sur notre parcours. Cela réduit aussi le nombre d’arrêts inutiles de consultation de cartes.

Le ciel se noircit. Nous n’avons que trois kilomètres à parcourir sur Old Alfred Road jusqu’à la route régionale 4, mais déjà nous sentons quelques gouttelettes fines perler sur notre visage. Nous traçons vigoureusement jusqu’à la fin de cette courte route. Arrivés à la régionale 4, l’idée me vient de laisser passer l’averse imminente sous un arbre du boisé en bordure de la route. Mădălina m’en déconseille. Alors nous repartons de plus belle.

Mais à peine avons-nous commencé à pédaler qu’un vent de tempête souffle, la température chute rapidement et le ciel devient très noir. «Ça va taper fort, dis-je. Faut trouver un endroit où nous abriter!».

La pluie se met à tomber en fracas. Nous nous dirigeons vers le premier établissement, à notre droite : la crèche Forever Young. Il n’y a personne, sans doute parce que le service de garde est fermé le samedi. Nous entrons dans la cour où se trouve un kiosque assez large pour nous couvrir, nous et nos montures. Celui-ci abrite également une petite table à pique-nique, format enfant.

Des coups de tonnerre ponctuent la chute de gros bouillon d’eau.

«Où sommes-nous, me demande Mădălina.

—Pas très loin de… Waterboro, répondis-je.

Et nous éclatons de rire.

*

Trente minutes plus tard, la pluie cesse et la température se réchauffe. L’humidité nous frappe. L’averse isolée est déjà chose du passé et nous sortons de notre refuge de fortune. Comme j’anticipe de rouler sur une chaussée mouillée, j’insère mes souliers de pluie.

En quittant la crèche Forever Young, je découvre avec amusement que, tout près du terrain de jeu, de braves poules encagées sont maintenant toutes mouillées.

Nous nous dirigeons vers Waterboro. On dit que les familles wabanakies désignaient la région de Waterboro, Alfred et Sanford par le nom de «Massabesic», où massa signifierait «grand» et peseag, «lac». D’ailleurs, les armoiries de la ville de Waterboro disent «Massabesic Plantation». Toutefois, le nom de Waterboro serait plutôt attribuable au colonel Joshua Water qu’à la masse d’eau importante des grands étangs.

Waterboro est une petite ville de 7500 habitants, articulé le long d’un grand boulevard, qui en croise un aussi grand.  Autour de l’axe routier gravitent des petites maisons et des commerces. Une ville dans laquelle nous passons en coup de vent.

Au sortir de la municipalité en direction d’Alfred, nous sommes interpellés par ce marchand de crème glacée Shaker pond, dont le nom s’inspire du lac adjacent. Mădălina demande d’arrêter en raison d’une panne d’énergie et de la motivation à plat. «Une crème glacée serait géniale !» C’est tout l’univers que l’on savoure dans une glace et que dire de la vanille et des grains de café qui réaniment l’espoir. Trouver la force de continuer.

Après cette pause de 20 minutes, nous repartons et la chaussée mouillée n’est plus qu’un souvenir. Nous nous arrêtons pour enlever nos coupe-vents.

À partir d’Alfred, le reste de la route est un blitz que l’on force à 20-25 km/h selon les énergies.  Mădălina s’en donne à cœur joie et pédale à qui mieux mieux. Je suis derrière «Fata Morgana» et la laisse ainsi s’exprimer.

Lorsque nous arrivons à un carrefour giratoire, je comprends que nous sommes déjà à South Sanford. Des panneaux d’indications me le confirment. Et nous prenons le chemin vers North Berwick.

À ce stade-ci, il n’y a plus beaucoup d’enthousiasme. La fatigue nous occupe et notre désir le plus cher s’exprime si simplement : «on a juste hâte de voir poindre North Berwick et changer de direction.»  Soudain, un panneau annonce une réduction de vitesse. Les boisés se dégarnissent et des champs apparaissent. Un ciel dégagé, qui a quelque chose d’aérien. Une petite école à notre droite. La route fait un virage et descend légèrement. Un parc, un terrain de baseball. Des maisons, des drapeaux américains. L’annonce d’une intersection et de feu de circulation. Voilà North Berwick qui nous salue et que nous quittons dès lors que nous croisons la route 9.

En route vers la mer!

Le reste du trajet est une descente graduelle vers le niveau zéro de la mer. Dix kilomètres environ. Nous traversons un viaduc qui enjambe Interstate Highway 95, puis poursuivons  à travers ce boisé continu qui nous suit depuis North Conway.

Puis il y a ce moment où le large devient réalité.  Un littoral, mais aussi un boulevard.

En effet, quand nous arrivons enfin sur la route 1, route du littoral, et que nous voyons l’Atlantique, comme une récompense toute la fatigue accumulée du jour s’évanouit. Les goélands ou les mouettes enfin nous saluent. Nous sommes sur un gros boulevard bourré de plaisanciers. Nous sommes dans la localité balnéaire de Wells. Nous croisons cependant toute sorte d’attractions touristiques douteuses : manège, miniputt, plage, McDonald’s, Dunkin Donut, Resort de bord de mer à n’en plus finir. C’est long Gunquit!

Quand le paysage s’embellit, nous savons que nous entrons dans l’Ogunquit. Les tramways circulent vers des plages inoubliables. Des voitures défilent à la queue. Les restaurants abondent, tout comme les épiceries. Y a foule, c’est fleuri et gai.

Nous arrêtons faire quelques emplettes, car aujourd’hui, il est peu probable que nous sortions jouer dehors. Aux confins d’Ogunquit, dès lors que la municipalité nous dit «au revoir», se trouvent de petits cottages villégiatures. C’est là que nous attend notre cabine entourée de pins. Un refuge à proximité de la mer. Quelle fugue incroyable, quelle aventure! Mon odomètre indique 132 kilomètres!

Demain, nous nous levons quand notre corps sera prêt et dispo. Frais, ça va de soi.

 

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